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L'OEUVRE DU MAITRE DE CABESTANY

C’est au XIIe siècle que la sculpture réintègre durablement l’architecture.

Epoque désormais appelée Romane à la suite d’un premier inventaire daté de 1818.

A cette date commence réellement la reconnaissance des caractéristiques propres à la sculpture du XIIe comme à l’architecture selon les références telles que Moissac, Autun, Vézelay, Poitiers et tant d’autres plus proches de nous citons les ateliers roussillonnais du XIIe siècle que sont Serrabone, Elne, Saint-Michel de Cuxa, reconnus en Roussillon et en Catalogne.

Curieusement, un atelier se différencie par son style appelé du “Maître de Cabestany“ suite à la découverte d’un tympan en marbre blanc au cours de travaux effectués dans les années 1930 en l’église de Cabestany près de Perpignan.
Ce fut le début d’une succession d’autres découvertes non seulement en Catalogne mais aussi en Languedoc-Roussillon et curieusement en Toscane.

Il s’agit d’un style unique, incomparable, sans précédent.

Certes on reconnaît une certaine influence paléochrétienne dans les drapés des personnages. Toutefois les visages sans fronts, les yeux en amande, ponctués de trous exécutés au trépan, ainsi que mains exagérément longues sont autant de caractéristiques qui posent de nos jours encore nombre de questions.

Indépendamment de ces particularités on remarque aussi des similitudes iconographiques avec l’orient chrétien: 

 

 

 

La Dormition au côté gauche du tympan de Cabestany, l’attitude orante de la Vierge telle qu’elle est représentée dans les monastères d’Egypte dès le VI ème siècle mais aussi dans les sarcophages paléochrétiens, la scène de la nativité sur le portail de l’église Sainte Marie du Boulou ou encore sur la petite colonne du musée d’Art Sacré de San Cashiano.

 

Viennent ensuite des scènes apocryphes telles que la légende de la ceinture de la Vierge, le bain de l’enfant, le songe des mages.

 

Plus étonnante encore la diversité au niveau du style par rapport aux courants les plus reconnus de son époque et la qualité plastique remarquable de certains détails. Citons en exemple le visage de la Vierge dans la scène de l’ascension à droite du tympan de Cabestany.

 

 

 

 

Un style difficilement classable dans une époque précise. Une oeuvre intemporelle, universelle. 

Nous sommes devant une expression artistique totalement libre qui n’a pas été marginalisée par ses contemporains. Bien au contraire, les grandes abbayes de Largesse en Languedoc, de San Pere de Rode en Catalogne et Sant’Antimo en Toscane ont confié à cet atelier la réalisation de grands portails dont on ne possède de nos jours que quelques fragments très éloquents ainsi que de grands chapiteaux.

Autant de particularités qui posent aujourd’hui autant de questions.
Quel fut le cheminement qui introduisit les scènes venues d’orient.
Comment furent-elles comprises dans le contexte religieux et politique de l’époque.

Comment explique-t-on une telle profusion d’œuvres aussi singulières après des siècles de silence et de dépouillement sur un territoire si proche cependant de l’Al-Andalus alors foyer de haute culture au sein de l'Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant ainsi une période de riche épanouissement culturel.
Nous reconnaissons sans hésitations qu’il ne peut s’agir de l’œuvre d’une même main mais d’un atelier dont l’influence fut cependant limitée à quelques lieux particuliers.

Toutes ces réflexions sont la conséquence d’une mission de moulage de la quasi totalité des œuvres connues à ce jour qui nous a permis de vivre durant plus de vingt ans au plus près d’une œuvre d’exception.

 

Alphonse Snoeck. 

www.sculpture-moulage.fr 

 

 

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