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LA CATHEDRALE SAINTE EULALIE D'ELNE

Ancienne capitale du Roussillon, bâtie sur un oppidum romain, Elne surveillait le passage entre Languedoc et Catalogne.

Cité épiscopale de 568 à 1602, elle reçoit au XIe siècle une cathédrale-forteresse à la mesure de son rayonnement politique et spirituel avant d'être supplantée par Perpignan.

Consacrée en 1069, la cathédrale est entourée d'une ceinture de murailles en 1150. En 1172, le Roussillon s'intègre dans la puissante "confédération" catalano-aragonaise. En 1262, le roi Jaume 1er partage ses états entre ses deux fils : pour le cadet est créé le royaume de Majorque comprenant les Baléares, les comtés de Roussillon et de Cerdagne, et Montpellier. Ce partage entraîne des guerres fratricides avec la France. En 1285, Elne est incendiée et ses habitants massacrés. En 1344, après un nouveau siège, le royaume de Majorque disparaît définitivement. Au milieu du XVe siècle, le roi de France Louis XI s'empare du Roussillon sous prétexte de régler une dette contractée par le roi d'Aragon. A la fin du XVe siècle, Charles VIII restitue le Roussillon à l'état catalano-aragonais pour obtenir l'amitié espagnole durant ses expéditions en Italie. Au XVIIe siècle, la Catalogne se soulève contre l'absolutisme du représentant du roi d'Espagne et se donne à Louis XIII. Le 7 novembre 1659, le Traité des Pyrénées scelle définitivement l'annexion du Roussillon à la France.

L'austère façade de Sainte Eulalie d'Elne confère à l'édifice un aspect de forteresse. Le portail central est entouré de pans de murs dénués de tout ornement. Au-dessus du portail, on trouve une petite baie cintrée, encadrée par un décor de bandes lombardes.

S'élèvent ensuite deux tours, liées par une courtine crénelée. Le clocher sud, en pierre, comprend quatre étages au-dessus de la courtine; à chaque étage et sur chaque face, on trouve quatre baies cintrées (ouvertes ou aveugles). Le clocher est couronné par des créneaux. Le clocher nord, en briques rouges, est moins massif et moins haut que le clocher sud. Le premier étage en pierre et briques est sans ornement. Le deuxième étage est percé sur chaque face de deux baies cintrées. On n'en trouve qu'une plus large, au niveau supérieur. Là aussi, l'ensemble est surmonté d'une terrasse crénelée. La façade méridionale domine la ville et la plaine jusqu'à la mer et aux Albères.

Au chevet de l'église, un mur à massifs saillants est ce qui reste d'un chevet gothique entrepris au XIVe siècle. Deux puissants arc-boutants contrebutent l'abside dont le système décoratif, très simple, ne manque pas de beauté dans sa sévérité même. Des pilastres supportent une arcature où se logent trois fenêtres. A hauteur d'imposte, on trouve une corniche à billettes.

La cathédrale a le plan d'une basilique : une nef centrale avec un bas-côté de part et d'autre, sans transept. La nef est précédée d'un narthex de deux travées, dont l'une, qui soutient la tribune d'orgue, est voûtée par des boudins toriques. Viennent ensuite cinq travées dont la voûte en berceau est supportée par de lourds piliers cruciformes ornés de colonnes engagées. Le faible éclairage vient des chapelles latérales du collatéral sud. Le chœur, qui n'est séparé de la nef par aucun transept, est classiquement formé d'une abside flanquée de deux absidioles voûtées en cul de four. L'abside est percée de trois baies cintrées, les absidioles d'une seule.

 

Le cloître d'Elne, est un des rares parmi les cloîtres du Roussillon, à être demeuré intact sans avoir été restauré. Il est l'un des plus complets et des plus remarquables du Roussillon. Quadrilatère irrégulier, il prend appui sur le flanc nord de la cathédrale. Chaque côté comporte quatre travées de trois baies cintrées soutenues par des colonnes géminées en marbre de Céret. Chaque ensemble de trois arcades est séparé par un gros pilier carré. Les galeries sont voûtées d'ogives. Commencé dans la période d'épanouissement de l'art roman, continué tout au long de la période gothique, le cloître d'Elne rassemble, en seul monument, toute l'évolution de la sculpture médiévale en Roussillon : la galerie sud date du XIIe, les galeries ouest et nord du XIIIe siècle et la galerie est du XIVe siècle.

Les chapiteaux de la galerie sud sont ornés de motifs végétaux (côté jardin) ou animaliers (côté galerie). Le pilier central est historié; l'une des faces représente l'épisode du Quo Vadis : Pierre à genoux devant Jésus qui le bénit et Saint-Pierre emmené vers le martyr par une escouade de soldats, la main de Dieu sortant des nuages le bénit. Un autre chapiteau illustrant la Genèse est considéré comme un des sommets de la sculpture romane : sur une face, Dieu modèle Adam avec de la boue, sur les autres faces, on voit Dieu tirant Eve de la côte d'Adam et la scène du péché.

La galerie ouest se veut une copie conforme de la galerie sud. La galerie est, de style gothique, comprend de nombreux chapiteaux historiés, notamment sur les piliers. Sur le premier (en partant du sud), on trouve des scènes de la vie de la Vierge (Annonciation, Visitation) et de l'enfance du Christ (nativité, adoration des mages). Le déroulement de l'enfance du Christ se poursuit sur le pilier suivant (les mages face à Hérode, la fuite en Egypte). On trouve également une nouvelle version du péché originel.

Ce Cloître à l’iconographie unique est considéré, à juste titre, comme l'un des plus beaux d'Europe, c'est un riche témoin de la sculpture médiévale roussillonnaise.
 

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